Exonération pour les jeunes entreprises innovantes

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Institué par la loi de finances pour 2004, le statut de " jeune entreprise innovante réalisant des projets de recherche et de développement " donne aux entreprises qui en bénéficient droit à une exonération de cotisations patronales de Sécurité Sociale sur les gains et rémunérations versés à leurs personnels participant à la recherche.

Entreprises concernées

Le statut de " jeune entreprise innovante " est reconnu aux entreprises qui satisfont à l'ensemble des conditions suivantes :

- employer moins de 250 salariés. L'effectif pris en compte est celui des salariés employés dans l'entreprise, tous établissements confondus, au cours de chaque exercice, apprécié selon les règles générales de détermination de l'effectif de l'entreprise fixées par les articles L. 620-10 et L. 620-11 du Code du travail ;

- réaliser un chiffre d'affaires inférieur à 40 millions d'euros au cours de l'exercice, ramené ou porté le cas échéant à 12 mois, ou disposer d'un total de bilan inférieur à 27 millions d'euros ;

- avoir été créée depuis moins de 8 ans (peu importe que l'entreprise ait été constituée après l'entrée en vigueur de la loi de finances pour 2004 ou qu'elle existait déjà à cette date). Dès son 8e anniversaire, l'entreprise perd le statut de jeune entreprise innovante ;

- consentir un certain volume de dépenses de recherche, représentant au moins 15 % des charges totales de l'exercice (à l'exclusion des charges engagées auprès d'autres jeunes entreprises innovantes réalisant des projets de recherche et de développement) ;

- être détenues majoritairement par des personnes physiques, par des personnes morales répondant aux mêmes conditions que celles imposées aux jeunes entreprises innovantes et dont le capital est détenu pour 50 % au moins par des personnes physiques, par des associations ou fondations reconnues d'utilité publique à caractère scientifique, par des établissements publics de recherche et d'enseignement ou leurs filiales, par des sociétés de capital risque, des fonds communs de placement à risque, des sociétés de développement régional, des sociétés financières d'innovation ou encore des sociétés unipersonnelles d'investissement à risque ;

- être à jour de ses obligations de déclaration et de paiement à l'égard de l'Urssaf. Sont visées les cotisations de Sécurité Sociale et contributions à la charge de l'employeur et du salarié, les cotisations et contributions au Fonds national d'aide au logement (Fnal), ainsi que le versement de transport et la contribution solidarité autonomie.
Cette condition est appréciée au titre des cotisations et contributions dues sur les gains et rémunérations versés aux salariés de l'entreprise échues à la date à laquelle l'entreprise applique pour la première fois l'exonération, puis à chacune des dates d'exigibilité suivantes de versement de ces cotisations et contributions pendant toute la durée d'application de l'exonération.
Si cette condition cesse d'être remplie, le droit à l'exonération n'est plus applicable aux gains et rémunérations versés à compter du 1er jour du mois suivant la date d'exigibilité considérée jusqu'à la date du 1er jour du mois suivant celui au cours duquel la dette est honorée.
En cas de contestation de la dette par l'employeur, la condition d'être à jour des obligations de déclaration et de paiement n'est réputée remplie qu'à compter du paiement intégral de cette dette ou après décision de sursis à poursuite ou délais de paiement accordés par le directeur de l'Urssaf.

- créer ou avoir créé une activité réellement nouvelle. Cette condition n'est pas remplie lorsque l'entreprise est née de la concentration, de la restructuration ou de l'extension d'activités préexistantes ou lorsqu'elle reprend de telles activités.

À noter les entreprises qui satisfont à l'ensemble de ces critères à l'exception de celui relatif aux dépenses de recherche peuvent bénéficier d'une exonération de cotisations sociales si elles remplissent les conditions pour être qualifiées de "jeune entreprise universitaire".
Trois conditions sont ainsi requises :
- être dirigées ou détenues directement à hauteur de 10% au moins par des étudiants, des personnes titulaires depuis moins de 5 ans d'un diplôme conférant le grade d'un master ou d'un doctorat, ou de personnes affectées à des activités d'enseignement ou de recherche ;
- avoir pour activité principale la valorisation de travaux de recherche auxquels les dirigeants ou asscociés mentionnés ci-dessus ont participé au cours de leur scolarité ou dans l'exercice de leurs fonctions au sein de l'établissement d'enseignement supérieur habilité à délivrer un diplôme conférant au moins le grade de master ;
- avoir conclu une convention spécifique avec cet établissement.

Personnes ouvrant droit à l'exonération

-  L'exonération n'est applicable qu'à certaines catégories de salariés exerçant des fonctions précises dans l'entreprise :
- les chercheurs, cadres dans l'entreprise, c'est-à-dire les scientifiques ou les ingénieurs travaillant à la conception ou à la création de connaissances, de produits, de procédés, de méthodes ou de systèmes nouveaux. Sont assimilés aux ingénieurs les salariés qui, sans posséder un diplôme d'ingénieur, ont acquis cette qualification au sein de leur entreprise ;
- les techniciens, à savoir les personnels travaillant en étroite collaboration avec les chercheurs pour assurer le soutien technique indispensable aux travaux de recherche et de développement et qui, notamment, préparent les substances, les matériaux et les appareils pour la réalisation d'essais et d'expériences, prêtent leur concours aux chercheurs pendant le déroulement des essais et des expériences ou les effectuent sous leur contrôle, ont la charge de l'entretien et du fonctionnement des appareils et des équipements nécessaires à la recherche et au développement ;
- les gestionnaires de projet de recherche et de développement, cadres dans l'entreprise, qui ont en charge l'organisation, la coordination et la planification du projet dans ses aspects administratif, financier et technologique ;
- les juristes chargés de la protection industrielle et des accords de technologie liés au projet, cadres dans l'entreprise, qui ont la charge de l'élaboration, du dépôt, de la gestion et de la défense des titres de propriété industrielle, des accords juridiques de toute nature liés au projet, et notamment aux transferts de technologies ;
- les personnels chargés des tests préconcurrentiels, c'est-à-dire ceux qui conçoivent, réalisent ou font réaliser des tests techniques nécessaires au développement ou à la mise au point du produit ou du procédé.

-  L'exonération porte également sur les gains et rémunérations versés aux mandataires sociaux qui participent, à titre principal, au projet de recherche et de développement de l'entreprise, c'est-à-dire qui exercent en son sein une activité de recherche ou une activité de gestion de projet. Il peut s'agir :
- des gérants minoritaires de société à responsabilité limitée (SARL) et de société d'exercice libéral à responsabilité limitée (Selarl) ;
- des présidents-directeurs et directeurs généraux de société anonyme (SA) ;
- des présidents et dirigeants de société par actions simplifiée (SAS).

Cotisations concernées

L'exonération porte sur la totalité des cotisations patronales de Sécurité Sociale dues sur les rémunérations. Restent dues les autres cotisations et contributions à la charge de l'employeur (Fnal, versement de transport, retraite complémentaire, contribution solidarité autonomie...) et l'ensemble des cotisations salariales.

Important depuis le 1er janvier 2008, il n'y a plus d'exonération de la cotisation accidents du travail.

Modalités d'application de l'exonération

À titre provisionnel, l'exonération est limitée pour chaque mois civil de l'exercice en cours à au plus 249 salariés et mandataires ouvrant droit au dispositif. Compte est tenu des salariés dont le contrat de travail est en cours d'exécution ou suspendu au premier jour du mois civil. Les salariés à temps partiel sont décomptés au prorata du nombre d'heures de travail prévu dans leur contrat, heures complémentaires comprises, sur la durée du travail à temps plein applicable dans l'établissement et appréciée sur la même période. Les mandataires sociaux ne sont pas pris en compte dans la détermination de ce seuil sauf s'ils sont titulaires dans la société d'un contrat de travail distinct de leur mandat social.
Une régularisation est effectuée au plus tard dans les 3 mois qui suivent la clôture de l'exercice en fonction de l'effectif moyen de l'exercice écoulé.

Plafonnement de l’exonération

La loi de finances pour 2011 a limité l’exonération de cotisations sociales à un plafond de 4,5 Smic mensuel brut par personne. De plus, le montant de l’exonération est désormais également plafonné au niveau de l’établissement, tous salariés confondus, à 3 fois le plafond annuel de la Sécurité sociale par année civile.

Durée et montant de l'exonération

Pour les jeunes entreprises innovantes existant au 1er janvier 2004, l'exonération est applicable au plus tôt aux sommes allouées aux mandataires sociaux depuis le 1er janvier 2004 et aux rémunérations versées aux salariés à compter de cette même date. Dans les autres cas, elle est applicable au plus tôt aux rémunérations versées à compter du premier jour du mois civil de la création de l'entreprise.
L'exonération est applicable au plus tard jusqu'au dernier jour de la 7ème année d'existence de la jeune entreprise innovante.

Important Si, pendant cette période, l'entreprise vient à ne plus satisfaire aux conditions requises pour prétendre à la qualité de jeune entreprise innovante, elle perd le droit à l'exonération ; elle pourra toutefois réintégrer le dispositif lorsqu'elle remplira à nouveau ces conditions.

Toutefois, depuis la loi de finances pour 2011, l’exonération est dégressive entre la 4e et la 7e année de la création de l’établissement. En pratique, l’exonération est ainsi appliquée :
- à taux plein jusqu’au dernier jour de la 3e année suivant celle de la création de l’établissement ;
- à un taux de 75 % jusqu’au dernier jour de la 4e année suivant celle de la création de l’établissement ;
- à un taux de 50 % jusqu’au dernier jour de la 5e année suivant celle de la création de l’établissement ;
- à un taux de 30 % jusqu’au dernier jour de la 6e année suivant celle de la création de l’établissement ;
- à un taux de 10 % jusqu’au dernier jour de la 7e année suivant celle de la création de l’établissement.

Perte du droit à exonération

S'il s'avère, à la clôture d'un exercice, que l'entreprise ne répond pas à la définition de la jeune entreprise innovante, elle est tenue de reverser les cotisations indûment exonérées au titre de cet exercice. Toutefois, si l'entreprise a obtenu, au cours de l'exercice considéré, un avis favorable de la direction des services fiscaux territorialement compétente quant à sa qualité de jeune entreprise innovante, et si sa bonne foi n'a pas été remise en cause, les sommes exonérées n'ont pas lieu d'être reversées. Dans cette hypothèse, le droit à l'exonération cesse définitivement d'être applicable à compter du premier jour du mois civil de l'exercice suivant.

Formalités

Le bénéfice de l'exonération n'est subordonné à aucune demande ou déclaration préalable auprès de l'Urssaf. Si l'entreprise estime qu'elle répond aux conditions définies par la loi, elle peut appliquer d'emblée l'exonération. Le contrôle de l'Urssaf s'effectue a posteriori.
Pour éviter une éventuelle remise en cause de l'exonération, l'entreprise a la faculté d'interroger à tout moment l'administration fiscale pour savoir si elle constitue ou non une jeune entreprise innovante (procédure de rescrit fiscal). Cette dernière se prononce dans un délai de quatre mois. L'absence de réponse à l'expiration de ce délai vaut reconnaissance tacite de la qualité de jeune entreprise innovante depuis la date de la demande. La direction des services fiscaux informe ensuite l'organisme de recouvrement des cotisations de Sécurité Sociale des suites qu'elle a données à la demande. En principe, l'avis favorable émis par l'administration fiscale est opposable à l'Urssaf qui ne peut donc procéder au recouvrement des cotisations exonérées afférentes à l'exercice au titre duquel l'entreprise a obtenu un avis favorable. En revanche, en l'absence d'un tel avis, l'Urssaf peut procéder au recouvrement des cotisations concernées si elle constate que l'entreprise ne satisfait pas aux conditions requises pour bénéficier de l'exonération.
De son côté, l'entreprise doit informer l'Urssaf dont elle relève de toute modification de la situation de fait décrite dans la demande formulée auprès de l'administration fiscale et susceptible de remettre en cause la qualité de jeune entreprise innovante qui lui a été reconnue.

Contrôle Urssaf

Lorsqu'elle procède au contrôle d'une entreprise, l'Urssaf peut demander à la direction des services fiscaux territorialement compétente, qui doit répondre dans un délai de 6 mois suivant la saisine, si elle constitue une jeune entreprise innovante au titre d'un ou plusieurs exercices donnés. Même si l'avis rendu par l'administration fiscale n'a pas ici la même valeur que celui émis dans le cadre de la procédure de rescrit fiscal, l'Urssaf est néanmoins invitée à s'y conformer. Dès lors, elle ne peut opérer un redressement si l'avis donné par l'administration fiscale est favorable à l'entreprise.
En revanche, lorsqu'elle constate que l'entreprise emploie plus de 250 salariés ou est âgée de plus de 8 ans à la clôture de l'exercice considéré, l'Urssaf peut procéder ipso facto au recouvrement des cotisations indûment exonérées au titre de cet exercice sans avoir à solliciter l'avis de l'administration fiscale. Elle doit alors en informer cette dernière.

Cumul

Le dispositif d'exonération prévu en faveur des jeunes entreprises innovantes n'est cumulable avec aucune autre aide à l'emploi de l'Etat, ni avec aucune autre mesure d'exonération totale ou partielle de cotisations patronales de Sécurité Sociale (sauf la déduction des cotisations patronales sur les rémunérations correspondant aux heures supplémentaires), ni avec l'application de taux spécifiques, d'assiettes ou de montants forfaitaires de cotisations.
L'employeur doit donc opter pour l'une ou l'autre des exonérations auxquelles il peut prétendre. L'option s'exerce pour chaque salarié et non au niveau de l'entreprise. Lorsqu'il opte pour l'exonération en faveur des jeunes entreprises innovantes, l'employeur est considéré avoir renoncé définitivement à l'autre mesure d'allègement à laquelle il est le cas échéant éligible, à l'exception de la réduction générale de cotisations patronales de Sécurité Sociale (dite "réduction Fillon") ou de l'exonération spécifique aux départements d'outre-mer.

Entrée en vigueur du dispositif

L'exonération est en principe applicable aux gains et rémunérations versés à compter du 1er janvier 2004 par les entreprises innovantes existant à cette date. Toutefois, pour les entreprises d'au plus 9 salariés pratiquant le décalage de la paie, l'exonération est applicable aux gains et rémunérations versés à compter du 16 janvier 2004.

Références
Loi de finances pour 2011 n°2010-1657 du 29 décembre 2010.

Loi de finances pour 2004 n° 2003-1311 du 30 décembre
2003 Décret n° 2004- 581 du 21 juin 2004 Circ. DSS
n° 205/2004 du 29 juin 2004

Publié le lundi 03 janvier 2011 - © Copyright SID Presse - 2010